samedi 30 juin 2012

Drôle d'oiseau











Peut-être un chaman. Il agit en un juste milieu entre la terre, les animaux et les humains. Il sourit, il marche souvent en effectuant une autre action discrète car elle s'adresse aux animaux. C'est furtif, sans interrompre sa marche, il lâche une feuille de salade sans marquer la moindre intention comme un nouveau né qui lâche un objet qu'il tient, et sans un regard pour la poule, dont il sait bien qu'elle le suit. Il se courbe souvent pour ramasser, bêcher, planter. Il est voûté, car tourné vers la terre. 
Les poules, les coqs sont tous les jours à la promenade, hors poulailler, hors enclos, car il les laisse en liberté. Dès qu'il arrive, le rassemblement a lieu derrière et autour de lui. Sans bruit. Pas bavard et pourtant expressif.
En suivant ses pas, on est en recherche, à la recherche de. Alors on le reverra.
Pas perdus, pas de temps à perdre pour sillonner le temps, en tous sens.
Il nous conduit dans des lieux où tout a commencé.

mercredi 30 mai 2012

Blue of London








All or whatsoever 
morning or afternoon
blue mysteries
 loneliness half away awaiting 
silent muse everness and out of time

jeudi 3 mai 2012

Moteur, Action!













C'est l'histoire d'un film en train de se faire, dans une urgence sans relativité : un moment sans répit, qui concorde absolument avec tous les impératifs et la nécessité d'être fait chaque jour, de telle heure à telle heure, comme le monde, notre monde.
Un film qu'on fabrique avec un dispositif exposé, qui se filme jusque dans ses coulisses que l'on cache d'ordinaire. Les acteurs et actrices, dans le cas présent, sont des chercheurs, des penseurs, des écrivains, une comédienne, des cadreurs, des ingénieurs du son, de l'image, des producteurs, une équipe dédiée, dévouée.
Bref, Notre Monde se fait chaque jour et pour le comprendre, il faut le décortiquer dans toute sa complexité. Un vrai travail pour tous.

http://www.notremonde-lefilm.com/
Article dans LeMonde.fr du 13 avril 2012


Une co-production : Agat Films & Cie, Sister Productions, La Bande Passante
en partenariat avec La Maison des Métallos

jeudi 19 avril 2012

Ceux qui m'ont vue







J'étais restée en dehors de la rue. J'étais essentiellement chez moi. Mon enfant était né, il était nouveau né, c'était en plein hiver, qui fut doux, puis glacial. Quelques sorties émaillaient notre quotidien. L'ensemble charnel que je formais avec lui ne se détachait pour ainsi dire à aucun moment. Après le tumulte de la naissance, il y avait les premiers pas dans l'apprentissage à vivre ensemble et à s'assurer que la chaleur, la nourriture et la sécurité lui parvenaient en premier lieu. J'étais coupée du monde. 
Quand les grands froids se sont abattus sur Paris, j'ai paradoxalement commencé à sortir sans lui, pour quelques minutes ou une petite heure, parfois, sous le soleil blanc brillant de l'hiver, Paris semblait cristallisé de froid. Ainsi me reprit l'envie folle de photographier mes semblables, passants furtifs dans les rues. Je les trouvais étonnants, emmitouflés qu'ils étaient dans leurs couleurs, leurs écharpes et bonnets. Au fond, j'étais la première ébahie de revoir la vie qui va dehors et alentour de l'immeuble. Je redécouvrais avec bonheur et une sorte d'effroi le rythme, l'allant, l'allure de la ville et son peuple. Je les regardais, je me plantais là à mon carrefour. Et puis je crois qu'ils m'ont vue. Ca me faisait bizarre d'être vue, après avoir été invisible, absente. 
Merci à ceux qui m'ont vue furtivement les photographier. Je ne me cachais pas, tout au plus essayais-je d'être discrète pour ne pas les troubler. Je retrouvais ce regard teinté de méfiance ou d'étonnement. Finalement, j'ai choisi de garder les images où le fait d'être vue apparaît sur la photo (parfois, la photo est plus rapide et le regard que je croisais était postérieur à la prise de vue).