Brûlure

L'homme en rouge, c'est "Sang-Froid Gitan", un voisin... Récemment, il me dit, tu as vu sur la place de Ménilmontant, il y a des restes d'un appartement qui a brûlé dans un incendie. Le sol autour de mon arbre (son arbre est devant le métro, il y fait son nid de temps à autre) est jonché de meubles, de choses perdues, brûlées, de vieux papiers et d'un tas d'objets orphelins. Je veux faire quelque chose avec ça. Viens jeudi.

Ok. Je l'ai vu plonger dans cet amas d'encombrants encore non ramassés. Il a roulé sous les cartons, s'est recouvert de ces restes immobiles. La vieille télé, toute cassée, était béante : il s'est assis devant comme pour regarder un programme absurde. La foule est vite arrivée. Quelques rires, une sorte de stupéfaction, quelques cris. Bonne ambiance non loin de la bouche de métro. Et pourtant ce n'est pas simple de taquiner le désastre... 

C'était le 7 avril dernier. Une semaine plus tard, un incendie a ravagé un immeuble entier de la Cité du Labyrinthe, sous mes fenêtres. J'ai revu mon voisin, qui, grimpé sur son toit, me voyait photographiant à ma fenêtre à 3h du matin. On s'appelle, on échange quelques mots en s'apercevant au loin, mais que dire. 

Tout cela est éphémère : il performe par sa danse rougeoyante l'événement du feu que je montre à mon tour en différé dans ces quelques images, car ce n'est pas simple d'oublier la trace des flammes.

Les liens entre  poésie et désastre : 
l'homme en rouge dans l'arbre
Mes images de l'incendie
Le relais solidaire pour les sinistrés de l'incendie 

La République à la rue !

La République se prend pour une star américaine

La République de l'identité nationale fait des grimaces aux enfants

La même République cherche épater les ados

Mais elle passe à autre chose rapidement

D'un coup en faisant l'idiote, elle s'est retrouvée dans une poubelle

Pour se remettre et se sortir de là, elle drague

Et comme un bébé sur sa maman, elle s'endort dans la rue

3ème tentative d'intégration de Sang Froid Gitan, le 9 octobre 2010.

Sang Froid Gitan, comédien, danseur, auteur de performance est très inspiré. Il s'est transformé en drapeau vivant aux couleurs de la République Française et s'est jeté dans la rue. Notre République s'est relevée, a grimpé aux arbres, a imité différents animaux, s'est accrochée à une fontaine Wallace, est partie à la poubelle, a tenté de séduire des femmes, des hommes, des jeunes, des vieux, a pris les voitures de face en criant "Police intergalactique", a fait des roulés-boulés sur le bitume et beaucoup de grimaces, s'est invitée aux des terrasses, a fait la belle tout ça pour aller prendre la Bastille. En somme, un peu n'importe quoi la République...

La République Française voulait se faire remarquer. Elle voulait voir ce que les gens devenaient et s'ils la trouvaient toujours aussi belle. Elle a fait peur parfois, mais elle a surtout fait rire. Le symbole a fonctionné, on s'est moqué d'elle. On n'était pas bien sûr de la reconnaître.

L'ensemble de la performance se regarde là 

http://www.flickr.com/photos/32012060@N07/sets/72157625137036226/

A revoir si on a aimé La 2ème tentative d'intégration

http://lapreneusedetemps.blogspot.com/2010/06/2e-tentative-dintegration.html

A découvrir, le site de François Genty, le Sang Froid Gitan de la République

http://frangenty.free.fr/

2e tentative d'intégration

Au Carrefour de Ménilmontant, un homme en rouge a pris place sur l'arbre vert. Du matin au soir, il s'est offert à la contemplation de tous sans mot dire, presque nu. Il est parvenu à tenir tous les regards en haleine au hasard de ses prises de position sur l'arbre, il est devenu une vision symbolique pour chacun quelle que soit l'âge, le sexe, la condition, la raison du passage et de l'observation. La foule était là comme en attente et en fascination.

Sur le tronc était attaché un carnet intitulé 2e tentative d'intégration et un stylo. Chaque page numérotée pouvait recevoir la libre vision de chacun.

Moi j'ai mélangé dans ma tête des bribes de poésie connues un peu comme ça / ne pas le lire trop fort / - Comme la vie est lente Et comme l'espérance est violente -

et à une de mes préférées - je finirai par la tatouer - Grise est toute théorie et vert l'arbre d'or de la vie

... ou en vrac des pensées liées aux extraterrestres, aux vies parallèles, à la solitude, à la résistance, à la contemplation, à l'indifférence et à la différence, à la danse contemporaine, aux religions asiatiques, à Saint Siméon Stylite, à un signal énigmatique, aux indiens d'Amazonie et ainsi de suite...

Le danseur plasticien s'appelle François Genty, suivez-le :

http://frangenty.free.fr/

http://www.entrezdansladanse.fr/compagnies/sangfroidgitancrocodealdonguy.html