dimanche 29 juillet 2012
Magma & Harmonie
S'il fallait reprendre au tout début pour rappeler le pourquoi et le comment de
La Preneuse de temps, voici quels seraient les indices fondamentaux disséminés au fil des publications depuis mars 2009 :
Le retour d'un voyage, les langues, le faisceau contemporain, le temps.
Une rupture d'exception avec l'ordre ancien notamment, la notion incertaine de l'accident, la connaissance de la douleur, le début du soulagement.
Le désir de regarder et donner à voir le monde présent à travers la photographie et les histoires qu'on se fabrique.
La création de son répertoire visuel, un cheminement vers le monde, transposer l'expérience en images pour témoigner, documenter, interpréter, aimer, rechercher, trouver, montrer, apprendre, révéler.
Accéder enfin à une autre connaissance grâce au médium photographique, avoir des yeux nouveaux pour voir au-delà des évidentes vérités qui en sont bien peu, repartir d'un bon pied en connaissance de cause vers les autres.
Un parcours initiatique.
La Preneuse de temps, depuis 3 ans et 5 mois, expérimente librement et sans compter la joie de l'expression en devenir dans un laboratoire à ciel ouvert, qui est là, ici ou ailleurs. La joie inextinguible de la promenade photographique au hasard d'autres continents ou en bas de son immeuble, la joie de l'incohérence et de l'étonnement. Que la joie demeure et se poursuive.
La Preneuse de temps s'apprête à migrer vers un nouveau territoire, ailleurs, elle va changer de nom et d'allure.
On décolle du fond du pré maintenant!
A presto
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samedi 30 juin 2012
Drôle d'oiseau
Peut-être un chaman. Il agit en un juste milieu entre la terre, les animaux et les humains. Il sourit, il marche souvent en effectuant une autre action discrète car elle s'adresse aux animaux. C'est furtif, sans interrompre sa marche, il lâche une feuille de salade sans marquer la moindre intention comme un nouveau né qui lâche un objet qu'il tient, et sans un regard pour la poule, dont il sait bien qu'elle le suit. Il se courbe souvent pour ramasser, bêcher, planter. Il est voûté, car tourné vers la terre.
Les poules, les coqs sont tous les jours à la promenade, hors poulailler, hors enclos, car il les laisse en liberté. Dès qu'il arrive, le rassemblement a lieu derrière et autour de lui. Sans bruit. Pas bavard et pourtant expressif.
En suivant ses pas, on est en recherche, à la recherche de. Alors on le reverra.
Pas perdus, pas de temps à perdre pour sillonner le temps, en tous sens.
Il nous conduit dans des lieux où tout a commencé.
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mercredi 30 mai 2012
Blue of London
All or whatsoever
morning or afternoon
blue mysteries
morning or afternoon
blue mysteries
loneliness half away awaiting
silent muse everness and out of time
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jeudi 3 mai 2012
Moteur, Action!
C'est l'histoire d'un film en train de se faire, dans une urgence sans relativité : un moment sans répit, qui concorde absolument avec tous les impératifs et la nécessité d'être fait chaque jour, de telle heure à telle heure, comme le monde, notre monde.
Un film qu'on fabrique avec un dispositif exposé, qui se filme jusque dans ses coulisses que l'on cache d'ordinaire. Les acteurs et actrices, dans le cas présent, sont des chercheurs, des penseurs, des écrivains, une comédienne, des cadreurs, des ingénieurs du son, de l'image, des producteurs, une équipe dédiée, dévouée.
Bref, Notre Monde se fait chaque jour et pour le comprendre, il faut le décortiquer dans toute sa complexité. Un vrai travail pour tous.
http://www.notremonde-lefilm.com/
Article dans LeMonde.fr du 13 avril 2012
Une co-production : Agat Films & Cie, Sister Productions, La Bande Passante
en partenariat avec La Maison des Métallos
jeudi 19 avril 2012
Ceux qui m'ont vue
J'étais restée en dehors de la rue. J'étais essentiellement chez moi. Mon enfant était né, il était nouveau né, c'était en plein hiver, qui fut doux, puis glacial. Quelques sorties émaillaient notre quotidien. L'ensemble charnel que je formais avec lui ne se détachait pour ainsi dire à aucun moment. Après le tumulte de la naissance, il y avait les premiers pas dans l'apprentissage à vivre ensemble et à s'assurer que la chaleur, la nourriture et la sécurité lui parvenaient en premier lieu. J'étais coupée du monde.
Quand les grands froids se sont abattus sur Paris, j'ai paradoxalement commencé à sortir sans lui, pour quelques minutes ou une petite heure, parfois, sous le soleil blanc brillant de l'hiver, Paris semblait cristallisé de froid. Ainsi me reprit l'envie folle de photographier mes semblables, passants furtifs dans les rues. Je les trouvais étonnants, emmitouflés qu'ils étaient dans leurs couleurs, leurs écharpes et bonnets. Au fond, j'étais la première ébahie de revoir la vie qui va dehors et alentour de l'immeuble. Je redécouvrais avec bonheur et une sorte d'effroi le rythme, l'allant, l'allure de la ville et son peuple. Je les regardais, je me plantais là à mon carrefour. Et puis je crois qu'ils m'ont vue. Ca me faisait bizarre d'être vue, après avoir été invisible, absente.
Merci à ceux qui m'ont vue furtivement les photographier. Je ne me cachais pas, tout au plus essayais-je d'être discrète pour ne pas les troubler. Je retrouvais ce regard teinté de méfiance ou d'étonnement. Finalement, j'ai choisi de garder les images où le fait d'être vue apparaît sur la photo (parfois, la photo est plus rapide et le regard que je croisais était postérieur à la prise de vue).
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mercredi 14 mars 2012
dimanche 12 février 2012
Jeux de jambes
Quel est votre sujet au juste ? la chaussure - la jambe - la mode - l'individu - le collectif - la rue - l'installation?
Ni queue ni tête.
Mais si.
Du glam'chic au look de la rue, d'un défilé à l'autre. Activités ou agitations de la ville occidentale.
Le dedans vers le dehors. On va de l'avant!
Et c'est où d'abord? Paris, Rome, Venise
Vous voulez dire quelque chose? C'est à propos du mouvement de la vie.
Et quoi d'autre ? C'est tout. Enfin, non, c'est plus que ça, observez.
Y a de la grâce.
jeudi 26 janvier 2012
Jacqueline
De conversation en conversation avec des vieilles dames, on voyage dans le temps. Agnès et Lolita ne se connaissent pas et ne connaissent pas non plus Jacqueline ici présente. Mais à l'occasion, il faudrait qu'elles se rencontrent. Jacqueline est parisienne, habite dans le 14e arrondissement de Paris, depuis un bail. Déjà arrière grand-mère, elle a élevé 4 enfants. Elle a accouché à la maison avec une sage-femme. Son fils aîné est né à 7 mois en plein hiver. Mais il faisait doux et sa couveuse a été confectionnée maison : sur un fauteuil, un nid fait d'oreillers et de couvertures a abrité le tout petit bébé, le temps qu'il finisse de cuire.
Avec Jacqueline, ce sont des instants de vie qui volent dans la pièce, récents ou plus datés. Il suffit de demander et elle raconte, simplement, sans manière. Comment était le quartier dans les années 50, quelles sont ses activités aujourd'hui. A regarder ses albums photos, on croit que sa vie est toujours heureuse : les photographies dentelées, en noir et blanc, soigneusement collées sur les pages jaunies d'un album à spirale dépeignent une histoire de famille simple et sympathique, entre "la zone" de Porte de Vanves, un appartement et les premières vacances avec Robert son mari et les enfants qui naissent au fur et à mesure. Jacqueline a fait de nombreux métiers, dont celui de couturière. On observe sur les images les vestes et les bermudas coquets ou les robes de dentelles qu'elle cousait elle-même pour ses petits. En vacances au camping à la mer ou dans une maison de campagne, la vie semble mi-douce, mi-dure pour cette famille parisienne. Pour couronner le tout, c'est une femme de caractère : belle jeune fille frêle, avec de longs cheveux noirs bouclés et un regard intense, elle ressemble à vingt ans à une héroïne andalouse de Federico Garcia Lorca. A 83 ans bientôt, elle est toujours indépendante, coquine et ne s'en laisse pas compter. Elle parle de son mari, de son frère, de ses gosses, tendre et vache à la fois, avec un humour délicieux de parigote. Au retour de chez le coiffeur, elle picore comme un oiseau son déjeuner, s'enfonce dans son relax pour regarder des séries américaines tout le jour dans une obscurité hivernale qui lui convient. Le soir avant de retrouver son relax et la télé, elle accepte de goûter du chocolat bio, mais dit aimer autant l'autre!
Aujourd'hui, elle accueille son petit-fils et son arrière petit-fils nouveau né le temps d'un week-end. Repas partagés, moments entre le bébé et la vieille dame. Au passage, elle sort de son armoire une petite boite rose qu'elle pose sur le dessus de lit fleuri et en extrait délicatement les mèches de cheveux de chacun de ses quatre enfants qu'elle a précieusement gardés tout au long de cette vie.
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