jeudi 26 janvier 2012
Jacqueline
De conversation en conversation avec des vieilles dames, on voyage dans le temps. Agnès et Lolita ne se connaissent pas et ne connaissent pas non plus Jacqueline ici présente. Mais à l'occasion, il faudrait qu'elles se rencontrent. Jacqueline est parisienne, habite dans le 14e arrondissement de Paris, depuis un bail. Déjà arrière grand-mère, elle a élevé 4 enfants. Elle a accouché à la maison avec une sage-femme. Son fils aîné est né à 7 mois en plein hiver. Mais il faisait doux et sa couveuse a été confectionnée maison : sur un fauteuil, un nid fait d'oreillers et de couvertures a abrité le tout petit bébé, le temps qu'il finisse de cuire.
Avec Jacqueline, ce sont des instants de vie qui volent dans la pièce, récents ou plus datés. Il suffit de demander et elle raconte, simplement, sans manière. Comment était le quartier dans les années 50, quelles sont ses activités aujourd'hui. A regarder ses albums photos, on croit que sa vie est toujours heureuse : les photographies dentelées, en noir et blanc, soigneusement collées sur les pages jaunies d'un album à spirale dépeignent une histoire de famille simple et sympathique, entre "la zone" de Porte de Vanves, un appartement et les premières vacances avec Robert son mari et les enfants qui naissent au fur et à mesure. Jacqueline a fait de nombreux métiers, dont celui de couturière. On observe sur les images les vestes et les bermudas coquets ou les robes de dentelles qu'elle cousait elle-même pour ses petits. En vacances au camping à la mer ou dans une maison de campagne, la vie semble mi-douce, mi-dure pour cette famille parisienne. Pour couronner le tout, c'est une femme de caractère : belle jeune fille frêle, avec de longs cheveux noirs bouclés et un regard intense, elle ressemble à vingt ans à une héroïne andalouse de Federico Garcia Lorca. A 83 ans bientôt, elle est toujours indépendante, coquine et ne s'en laisse pas compter. Elle parle de son mari, de son frère, de ses gosses, tendre et vache à la fois, avec un humour délicieux de parigote. Au retour de chez le coiffeur, elle picore comme un oiseau son déjeuner, s'enfonce dans son relax pour regarder des séries américaines tout le jour dans une obscurité hivernale qui lui convient. Le soir avant de retrouver son relax et la télé, elle accepte de goûter du chocolat bio, mais dit aimer autant l'autre!
Aujourd'hui, elle accueille son petit-fils et son arrière petit-fils nouveau né le temps d'un week-end. Repas partagés, moments entre le bébé et la vieille dame. Au passage, elle sort de son armoire une petite boite rose qu'elle pose sur le dessus de lit fleuri et en extrait délicatement les mèches de cheveux de chacun de ses quatre enfants qu'elle a précieusement gardés tout au long de cette vie.
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